jeudi 21 février 2013

Bienvenue à McGillX, le futur CLOM de l'université McGill

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À la veille du « Sommet sur l'enseignement supérieur », l'université McGill montre qu'elle entre sérieusement dans l'ère des CLOM (Cours en ligne ouverts aux masses ou MOOC en anglais) en annonçant aujourd'hui (21 février 2013) qu'elle s'est jointe au consortium EdX [1],[2],[3], sous le nom McGillX [4].

Comme mentionné dans un précédent billet, la plateforme EdX, promue par un consortium formé par l’Université Harvard, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et l'université Berkeley, a été lancée en mai 2012 [5].

Les principaux avantages de la plateforme CLOM EdX sont premièrement d'être une plateforme strictement sous le contrôle institutionnel et deuxièmement d'être une plateforme technologique entièrement basée sur des logiciels libres [6].

Ainsi, les universités qui participent au consortium EdX contrôlent leur plateforme CLOM à la fois sur le plan technique et sur le plan économique sans lien avec des entreprises privées comme avec Coursera [7] ou Udacity [8] qui ont leurs propres objectifs et intérêts.

À première vue, EdX est un bon choix, mais ce n'est pas une panacée. D'après des sources bien informées, EdX exigerait une contribution financière importante pour faire partie de son consortium, une sorte de « Club Select » ou de « Old Boys' Club ». Aussi Coursera serait plus ouvert et son modèle d'affaire pourrait être compatible avec la mission des universités. Il faudra voir également avec les consortiums d'Europe ou de la Francophonie qui sont en formation ou même avec un éventuel « Consortium québécois » qui rallierait les expertises de nos universités et d'institutions comme la Téluq, le CRIM et le RISQ.

Après le lancement par HEC Montréal de l'initiative EDUlib [9], le CLOM pionnier au Québec qui est pleinement opérationnel, saluons l'annonce de l'Université McGill qui montre que ses dirigeants ont une vision de l'avenir de leur université à l'Âge du numérique.

Espérons que l'initiative de l'université McGill, même si elle fait un peu « bande à part », aura le mérite de mettre les CLOM à l'ordre du jour du « Sommet québécois sur l'éducation supérieure » ou du moins dans les discussions de couloir.



[1]http://www.boursereflex.com/actu/2013/02/21/edx_elargit_sa_presence_internationale_et_double_le_nombre_de_ses_adherents_en_accueillant_six_nouvelles_ecoles
[2]http://www.technapex.com/2013/02/edx-doubles-its-schools-with-addition-of-six-new-universities/
[3]http://www.montrealgazette.com/news/McGill+gets+MOOC+bandwagon/7998762/story.html [4]https://www.edx.org/university_profile/McGillX
[5]https://www.edx.org
[6] Darrow, B. (2012, May 2). MIT and Harvard say open-source edX can educate a billion people. GigaOM. http://gigaom.com/2012/05/02/mit-and-harvard-say-open-source-edx-can-educate-a-billion-people/
[7]https://www.coursera.org/
[8]https://www.udacity.com/
[9]https://edulib.hec.ca/

dimanche 17 février 2013

L'ingrédient secret des CLOM dévoilé...

                                                                                                                This post in English

L'entrée fulgurante des CLOM (Cours en ligne ouverts aux masses), ou MOOCs pour les anglophiles, fut assurément l'événement dominant dans le monde de l'éducation supérieure en 2012, du moins aux États-Unis où le New-York Times qualifiait 2012 d'année du CLOM (The Year of the MOOC) [1]. On y évoque même la « CLOM manie » (MOOC Mania) [2],[3],[4].

Nous allons essayer de comprendre pourquoi nous assistons non pas à une mode passagère mais bien au début d'une véritable révolution industrielle en éducation.

Cela dit, on lit beaucoup que finalement les CLOM changeront peu la donne actuelle en éducation. On souligne leurs défauts et on met en garde contre un trop grand enthousiasme [5],[6],[7].

Beaucoup se rassurent en ergotant sur le haut taux de décrochage des usagers des CLOM de l'ordre de 90 % [8],[9] ou leur pédagogie « simpliste » ou carrément ils assurent que les CLOM sont inefficaces voir dangereux pour les étudiants plus faibles ou mal encadrés [10]. Dans tous ces défauts de jeunesse, ils y voient une preuve que les CLOM ne sont pas là pour durer ou encore qu'il s'agit d'une mode passagère qui une fois passée l'engouement de la nouveauté ne laissera derrière elle qu'une faible adoption.

Passons rapidement sur la critique basée sur les forts taux de décrochage car il suffit de quelques clics pour s'inscrire à un cours sur un CLOM. Les CLOM attirent donc un très grand nombre de curieux et beaucoup s'inscrivent à des cours pour lesquels ils n'ont pas les pré-requis. C'est dans la nature même des CLOM de donner la chance au plus grand nombre de personnes de s'inscrire et de tenter l'expérience.

Pour le reste, beaucoup des critiques témoignent soit de la sempiternelle « résistance aux changements » ou de l'ignorance des possibilités du traitement des données massives (Big Data) et de l'apprentissage statistique (Machine Learning).

Les CLOM représentent une révolution en marche pour quatre raisons: d'abord leur bas coût, leur côté pratique car il sont particulièrement bien adaptés aux natifs du numérique, leurs qualités intrinsèques et surtout leur potentiel quasi illimité de s'améliorer et d'évoluer.

L'avantage coût

La question économique est au coeur de la révolution des CLOM, les nouvelles technologies remettent en question l’économie même de l’éducation par leur faible coût [11], car la gratuité est un prix difficile à battre!

Le côté pratique

Au delà de l’effet de mode bien réel, les CLOM sont d’abord éminemment pratiques car mieux adaptés aux besoins de la nouvelle clientèle des « natifs du numérique » qui est mobile et constamment branchée.

N’importe qui, n’importe quand et de n’importe où dans le monde aura accès à ses cours dans la mesure où il dispose d'un appareil connecté à internet avec un fureteur et disposant de la bande passante suffisante pour voir une vidéo en ligne [12].

La vision de petits groupes de 20 personnes en interaction face à face avec leur professeur est loin de la réalité de la plupart des étudiants. Au contraire cette vision romantique cède le plus souvent la place à celle d’un grand amphithéâtre de 200 à 300 étudiants avec un chargé de cours un peu perdu sur son estrade qui donne son cours pendant deux à trois heures devant des étudiants distraits qui écoutent à moitié, surfent sur le Web, microbloguent (Tweets), écrivent des textos ou clavardent. De plus, seul une petit nombre d'étudiants, les plus extravertis et les plus motivés lèvent la main pour poser des questions et engager un bref dialogue avec le professeur [12].

D’ailleurs, le déficit d’attention et le comportement multitâche typique des « natifs du numérique » exige que l’on saucissonne la matière à passer en capsule de 10 à 20 minutes maximum ce qui est une pratique courante des CLOM de première génération.

On constate la même adéquation des CLOM pour les clientèles de l’éducation permanente et la formation continue qui constitue le bassin naturel des utilisateurs des CLOM de première génération [13].

Une autre utilisation des CLOM est ce qu’on appelle la « classe inversée » (Flipped Classrooms) où les étudiants consultent le contenu en ligne et font des exercices avant de se rendre en classe. La classe devient alors le lieu pour discuter des difficultés rencontrées et pour aller plus en profondeur sur certains sujets [14].

La qualité

La première génération de CLOM constitue déjà une réponse « pragmatique » apte à satisfaire une partie des besoins d’enseignement en ligne. Juste ce qu’il faut, pas moins, pas plus. C’est le fameux pragmatisme des entrepreneurs de la Silicon Valley, le même qui a donné naissance au iPhone qu’on s’arrache aujourd’hui mais qui descend du premier ordinateur Apple avec son boîtier de contreplaqué et construit dans le garage des parents de Steve Jobs.

La qualité des professeurs, des contenus et de la pédagogie des CLOM est souvent meilleure que dans les cours traditionnels. Soyons honnêtes, à bien des égards les courtes capsules vidéo accompagnées de petits exercices évalués automatiquement pour vérifier la bonne compréhension des étudiants dans une stratégie d’apprentissage actif qualifiée de pédagogie de la maîtrise (Mastery Learning) [15] représentent une amélioration notable par rapport à bien des cours actuellement donnés en amphithéâtre.

La capacité d'évolution future

Les CLOM ont un énorme potentiel d’évolution dans le futur et ce dans plusieurs directions, y compris du côté de l’encadrement, du suivi et de la certification des compétences. C’est d’ailleurs une direction dans laquelle je suis personnellement impliqué.

En effet, les CLOM de première génération sont encore primitifs par rapport à des systèmes plus sophistiqués comme les systèmes tutoriels intelligents et autres systèmes d’enseignement assisté par ordinateur qui sont restés jusqu’ici confinés aux laboratoires.

Ce n’est qu’une première étape. La partie invisible des CLOM est la collecte massive des données sur le comportement des étudiants. On parle ici du traitement de données massives (Big Data) dont les résultats serviront à améliorer les CLOM de la prochaine génération [16]. On reconnaît là une pratique courante du Web 2.0 « à la Google » qui consiste à exploiter les données de ses millions d’utilisateurs pour améliorer les résultats de son moteur de recherche. Les données d’utilisation sont une véritable mine d’or car « quand l’usage est gratuit c’est que l’utilisateur est le produit ».

Aussi, justement à cause de leur caractère massif, la capacité des CLOM de s’améliorer et d’évoluer est quasi illimitée. En fait, ce qui est difficile à croire, mais qui est tout à fait possible, c’est d’offrir la qualité d’enseignement d’un tutorat individuel mais pour un très grand nombre d’utilisateurs grâce au traitement des données massives (Big Data).

Il n’est pas évident pour un professeur de dépister les sources de confusion et les approches pédagogiques moins efficaces à partir de petits échantillons de données issues d'une classe de 20 étudiants afin d’améliorer son cours. Les CLOM avec leurs milliers d’étudiants permettent d’utiliser des méthodes statistiques pour détecter les problèmes et améliorer l’enseignement. On peut également utiliser des techniques d’apprentissage statistique (Machine Learning) pour découvrir des situations (Patterns) communes aux étudiants qui ont des difficultés afin de leur présenter des indices ou des explications pour les aider. Par rapport à un humain, l’ordinateur est patient, il ne s’énerve jamais et il est toujours prêt à reprendre ses explications, ce qui en fait le tuteur idéal. On verra donc émerger des façons de personnaliser finement l’enseignement à chaque étudiant d’une manière telle que l’on a tout simplement ni le temps, ni les moyens de faire aujourd’hui [12]. C'est la promesse des CLOM de seconde et troisième génération.

Un des plus grands freins dans l’adoption plus large des CLOM aujourd’hui est qu'ils ne délivrent ni diplômes ni crédits de cours [17]. Pour cela, il faudrait s’assurer que les étudiants font bien leur travail eux-mêmes. On peut même imaginer des situations où des étudiants vont payer d’autres personnes (Outsourcing) pour faire leurs examens ou leurs devoirs. Mais avec le temps, les choses évoluant, on trouvera bien un moyen pour s’assurer que les étudiants n’ont pas triché et qu’ils ont bien mérité les crédits ou diplômes qu’on pourrait éventuellement leur décerner [18].

À court terme, le meilleur moyen pour y parvenir est l'examen contrôlé. Il existe des centres de tests où après s'être dûment identifié, l'étudiant est évalué dans un environnement contrôlé (poste isolé, surveillance par caméra, aucun accès à internet, parfois même cage de Faraday empêchant de communiquer par les ondes). D'ailleurs Udacity, un des trois principaux CLOM américains a signé une entente avec Pearson VUE qui opère quelques 4000 centres de tests dans 170 pays [19]. On annonce même pour bientôt des systèmes de surveillance en ligne basés sur l'analyse du comportement des étudiants et éventuellement l'oculométrie (eye tracking) à partir des images d'une petite caméra web [20].

Évidemment, il y a une grande demande pour des outils de détection du plagiat. Pour les travaux, il existe des technologies pour détecter la fraude basée sur l'analyse de texte, la lexicométrie, la stylistique, l'analyse statistique et la comparaison avec d'autres textes glanés sur internet et spécialement indexés pour cet usage. C'est un domaine de recherche et d'application en pleine expansion.

Encore là, grâce à l’accumulation des données sur les étudiants et à l'analyse statistique des données massives (Big Data) on sera en mesure d'améliorer les outils de détection du plagiat et s’assurer que les étudiants font eux-même leur travail.

Les deux fondateurs de Coursera, M. Ng et Mme Koller sont des spécialistes de l'apprentissage statistique (Machine Learning) et professeurs à Stanford. À n’en pas douter, les « grosses têtes » en apprentissage statistique (Machine Learning) derrière Udacity et Coursera, ne vont pas en rester là. Il vont utiliser toutes les données recueillies pour bâtir les CLOM de seconde génération, puis de troisième…

Une innovation de rupture

Cette capacité d'amélioration incessante des CLOM est la signature d'une innovation de rupture. L'idée d'innovation de rupture a été énoncée par le professeur Clayton Christensen, de la Harvard Business School dans son livre « The Innovators Dilemna» [21].

Peut-être que le mot « rupture » a été un peu galvaudé au sujet des CLOM. Mais, le mot « rupture » a une signification particulière lorsque l'on parle d'innovation de rupture. Et les CLOM présentent les caractéristiques essentielles d'une innovation de rupture.

Selon sa définition, « Une innovation de rupture est une innovation qui s'établit d'abord dans des applications simples de « bas de gamme », puis se déplace inexorablement vers le « haut de gamme », pour éventuellement déloger des concurrents bien établis » [22]. Un atout majeur de l’innovation de rupture est de passer relativement inaperçue, car jugée peu menaçante à ses débuts par les concurrents établis, jusqu’à ce qu’il soit trop tard [23], [24],[25].

Précisément, la première génération de CLOM constitue une réponse innovante et pragmatique à une partie importante des besoins d’enseignement en ligne et à un coût abordable. C'est de la belle ingénierie! Juste ce qu'il faut, pas moins, pas plus. Donc rien de bien inquiétant...

Nous avons vu le potentiel d'évolution et d'amélioration constante des CLOM grâce principalement au traitement des données massives (Big Data), l'ingrédient secret des CLOM.

Conclusion

Je peux me tromper, mais les CLOM ont le potentiel de constituer une innovation de rupture. Cela aurait des implications énormes! Dans une vidéo futuriste et quelque peu utopique, mais qui a le mérite de secouer les idées reçues, le groupe EPIC 2020 affirme que l'éducation du monde va changer radicalement au cours de la prochaine décennie [26].

En admettant que ce ne soit pas vraiment le cas, on peut croire que les CLOM vont minimalement forcer les institutions d'enseignement supérieur à investir en téléenseignement.



[1] Pappano, L. (2012, November 2). The Year of the MOOC - Massive Open Online Courses Are Multiplying at a Rapid Pace. The New York Times. http://www.nytimes.com/2012/11/04/education/edlife/massive-open-online-courses-are-multiplying-at-a-rapid-pace.html
[2] Davidson, C. N. (2012, October 1). MOOC Mania. reblogged from the Chronicle of Higher Ed. Blog, http://www.cathydavidson.com/2012/10/chronicle-of-higher-ed-mooc-mania/
[3] Vardi, M. Y. (2012). Will MOOCs destroy academia? Communications of the ACM, 55(11), 5–5. doi:10.1145/2366316.2366317 http://cacm.acm.org/magazines/2012/11/156587-will-moocs-destroy-academia/fulltext
[4] Martin, F. G. (2012). Will massive open online courses change how we teach? Communications of the ACM, 55(8), 26. doi:10.1145/2240236.2240246 http://cacm.acm.org/magazines/2012/8/153817-will-massive-open-online-courses-change-how-we-teach/fulltext
[5] Boullier, D. (2013, February 20). Mooc : la standardisation ou l’innovation ? « InternetActu.net. InternetACTU.net. http://www.internetactu.net/2013/02/20/mooc-la-standardisation-ou-linnovation/
[6] Greatrix, P. (2012, October 8). MOOCS: 12 Reasons for universities not to panic. Registrarism. Blog. http://registrarism.wordpress.com/2012/10/08/moocs-12-reasons-for-universities-not-to-panic/
[7] Greatrix, P. (2013, February 15). Why MOOCs won’t kill universities. Registrarism, Blog http://registrarism.wordpress.com/2013/02/15/why-moocs-wont-kill-universities/
[8] Balch, T. (2013, January 27). MOOC Student Demographics. the augmented trader. Blog. http://augmentedtrader.wordpress.com/2013/01/27/mooc-student-demographics/
[9] Guzdial, M. (2012, April 20). Udacity’s CS101: Who are you talking to? Computing Education Blog. Blog. http://computinged.wordpress.com/2012/04/20/udacitys-cs101-who-are-you-talking-to/
[10] Rosenthal, A. (2013, February 18). The Trouble With Online College. The New York Times. http://www.nytimes.com/2013/02/19/opinion/the-trouble-with-online-college.html
[11] Guillaud, H. (2012, October 17). L’innovation éducative : une question économique ? http://www.internetactu.net/2012/10/17/linnovation-educative-une-question-economique/
[12] Schmidt, D. C. (2013, January 7). Episode 191: Massively Open Online Courses, Software Engineering Radio episode 191, http://www.se-radio.net/2013/01/episode-191-massively-open-online-courses/
[13] Webley, K. (n.d.). MOOC Brigade: Who Is Taking Massive Open Online Courses, And Why? Time. http://nation.time.com/2012/09/26/mooc-brigade-who-is-taking-massive-open-online-courses-and-why/
[14] Hopkins, C. (n.d.). Future U: fear and loathing in academia | Ars Technica. http://arstechnica.com/business/2012/06/future-u-fear-and-loathing-in-academia/
[15] Mastery learning. (2013, February 24). In Wikipedia, the free encyclopedia. http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Mastery_learning&oldid=540062348
[16] Daphne Koller: What we’re learning from online education | Video on TED.com. (2012). http://www.ted.com/talks/daphne_koller_what_we_re_learning_from_online_education.html
[17] Anders, G. (2012, June 5). How Would You Like A Graduate Degree For $100? - Forbes. Forbes. http://www.forbes.com/sites/georgeanders/2012/06/05/udacity-sebastian-thrun-disrupting-higher-education/
[18] Bates, T. (2012, October 29). MOOCs move into credit-based higher education. online learning and distance education resources. http://www.tonybates.ca/2012/10/29/moocs-move-into-credit-based-higher-education/#
[19] Udacity. (2012, June 1). Udacity Blog: Udacity in partnership with Pearson VUE announces testing centers. Blog. http://blog.udacity.com/2012/06/udacity-in-partnership-with-pearson-vue.html
[20] Eisenberg, A. (2013, March 2). Keeping an Eye on Online Test-Takers - New Technologies Aim to Foil Online Course Cheating. The New York Times. http://www.nytimes.com/2013/03/03/technology/new-technologies-aim-to-foil-online-course-cheating.html
Les compagnies: ProctorU and Software Secure
[21] Christensen, C. M. (1997). The Innovator’s Dilemma: When New Technologies Cause Great Firms to Fail. Harvard Business Press.
[22] Bass, R. (2012, March 1). Disrupting Ourselves: The Problem of Learning in Higher Education (EDUCAUSE Review) | EDUCAUSE. Educause. Educause Review Magazine, Volume47, Number 2, March/April 2012. http://www.educause.edu/EDUCAUSE+Review/EDUCAUSEReviewMagazineVolume47/DisruptingOurselvesTheProblemo/247690
[23] Vidéo d'une présentation du professeur Clayton Christensen sur l'impact l'innovation de rupture que représente les CLOM devant un comité du sénat de l'État de Utah « Higher Education Appropriations Subcommittee » aux États-Unis. Harvard professor Clayton Christensen, disruptive innovation and higher education. (2012). http://www.youtube.com/watch?v=edq07biGpC0
[24] Schubarth, C. (2013, February 13). Disruption guru Christensen: Why Apple, Tesla, VCs, academia may die. Silicon Valley Business Journal. newspaper. http://www.bizjournals.com/sanjose/news/2013/02/07/disruption-guru-christensen-why.html?page=al
[25] Michael Horn, & Christensen, C. M. (2013, February 20). Beyond the Buzz, Where Are MOOCs Really Going? | Wired Opinion | Wired.com. Wired Opinion. Magazine. http://www.wired.com/opinion/2013/02/beyond-the-mooc-buzz-where-are-they-going-really/
[26] Bill Sams, Marshall, N., Kelvin, M., & Hanlin, M. (2012, June 4). EPIC 2020 | Higher Education Reform. EPIC 2020 | Higher Education Reform. http://epic2020.org/

jeudi 14 février 2013

Combien coûte un CLOM (MOOC)?
L'université gratuite accessible à tous les Québécois existe sur internet mais en anglais.

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J'hésitais entre le titre accrocheur actuel et le plus prosaïque « Combien coûte un cours diffusé sur un CLOM? » Une question simple à laquelle je vais tenter de répondre.

Néanmoins, l'université gratuite accessible à tous les Québécois existe réellement, mais elle est sur internet et elle diffuse ses contenus en anglais.

En effet, depuis quelques mois, nous assistons au début d’une révolution industrielle en éducation, l’émergence rapide des Cours en Ligne Ouverts aux Masses (CLOM) ou MOOC pour les anglophiles. Les grandes universités américaines, Stanford, Harvard et le MIT en tête, utilisent les CLOM comme levier dans une stratégie d'internationalisation de leurs activités.

Sans être économiste, j'aimerais discuter des aspects économiques des CLOM. Il sont fondamentaux car au-delà de la technologie la révolution des CLOM tient d'abord dans le bouleversement du modèle économique sur lequel repose l'université actuelle.

De plus, en empruntant le langage des comptables, je nourris secrètement l'espoir d'intéresser les participants au futur sommet sur l'éducation supérieure qui semblent vivre dans le monde des colonnes de chiffres. Tiens, ça me rappelle le film « La Matrice » ;)

En effet, la principale promesse des CLOM est la perspective d’une université sans mur et gratuite! On parle de coûts annuels par usager allant de quelques cents à quelques dollars tout au plus.

Pour nous en convaincre faisons un peu d'arithmétique élémentaire...

Nous nous baserons sur des chiffres publiés par Google à la Conference HICSS tenue en janvier 2013 [1] et sur l'expérience de Scott E. Page un pionnier des CLOM [2] qui a donné deux fois le cours « Model Thinking » sur la plateforme Coursera [3].

Pour la version Coursera qu'il appelle lui-même « Garage Band Version », M. Page a utilisé une caméra à 20 $, un microphone à 100 $ et le studio était dans une chambre de son domicile. Aussi, M. Page estimait qu'il avait mis entre 6 à 8 heures de travail pour chaque heure de cours.

Un cours de 45 heures représente donc entre 270 et 360 heures pour une production sans graphique, musique ni effets spéciaux. Avec un taux horaire de 55 $ (environ 100 000 $ par an) qui est très loin du salaire minimum, on arrive à un coût de médiatisation de l'ordre de 15 000 à 20 000 $. Mais, c'est bien connu, les professeurs québécois gagnent moins... De plus, ces frais sont non récurrents, on fait le travail une fois et on peut diffuser ce contenu autant de fois que l'on veut quitte à retaper ou actualiser des bouts au besoin.

À cela, il faut ajouter une centaine d'heures pour l'animation (10 h par semaine pendant 10 semaines) soit 5 500 $. Maintenant, examinons les coûts de diffusion massive sur le web. Eh bien, avec les technologies actuelles du web dites infonuagiques (Cloud Computing), il coûterait moins de 10 000 $ par année pour desservir 150 000 étudiants. Plus précisément, 20 $ par jour pour diffuser le cours à 150 000 étudiants avec la technologie infonuagique AppEngine de Google [1].

En sautant de longs développements arithmétiques (!) que nous laisserons aux « vrais comptables », nous arrivons à moins de 25 cents par étudiant par année. Certains doivent maintenant comprendre pourquoi on leur donne « gratuitement » des dizaines de gigaoctets d'espace disque sur les sites du web 2.0 et qu'on les laisse enregistrer tout ce qu'ils veulent sur les sites de partage vidéo.

Évidemment, on parle ici, d'un cours déjà préparé, donc on ne part pas de zéro. On exclut également les coûts des logiciels car il existe plusieurs plateformes CLOM en logiciels libres. Enfin, il faut considérer le travail à temps partiel d'une poignée d'informaticiens compétents pour déployer et maintenir une plateforme dans le nuage capable de supporter non seulement un mais plusieurs centaines de cours en ligne.

On objectera qu'on peut entrevoir des scénarios de luxe avec des caméras à 100 000 $, des équipes de pré-production, production, post-production et des armées de consultants surpayés. Je laisse les comptables et les vérificateurs réfléchir à ces scénarios hélas si familiers de dépassement de coûts.

Mais cela est un tout autre débat...


[1] Russell D. M. (2013, January, 7). Overview of MOOCs at Google. Jan 7, 2013. MOOC Symposium, HICSS 46 (Hawaii International Conference On System Sciences), Maui, HI, Usa
[2] Roche, G. (2013, January 22). Thoughts from a MOOC Pioneer — Academic Technology. Retrieved February 13, 2013, from http://at.blogs.wm.edu/thoughts-from-a-mooc-pioneer/
[3] https://www.coursera.org/course/modelthinking

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